FAME 2012 - Forum Alter Mondial de l'Eau - 14 au 17 mars - Marseille - France

« Eau et Extractivisme »
Synthèse des actions réalisées et/ou proposées



Les situations liées à l'eau et l'extractivisme (processus d'accélération de l'exploitation des ressources naturelles à des fins industrielles) et les dégâts constatés dans les pays représentés, attestent de l'agression massive perpétrée contre l'eau, la terre, et donc contre la vie, à l'échelle planétaire.

A travers les thématiques « Or noir contre or bleu », « Eau et industrie minière en Amérique Latine », « Eau et gaz et pétroles de shiste », « Eau et barrages », « Contrer l'extractivisme, défendre l'eau », Allemagne, Argentine, Turquie, Autriche, Bulgarie, Canada, Espagne, France, Guatemala, Italie, Chili, Irlande, Mexique, Pérou, Pologne,  Guatemala, Pakistan... ont présenté leurs situations locales et leurs modes d'action. 

Ces actions pouvant être réalisées par plusieurs pays à la fois, nous les avons classées des plus globales aux plus locales. 
Nous espérons, pour une nécessaire solidarité et convergence mondiale des mobilisations,  que ces idées parviendront aux citoyens des pays qui n'ont pas pu participer au Forum.

Constats partagés : 


- Tout comme sont coordonnées les actions des multinationales et institutions financières, la coordination internationale de nos mobilisations est nécessaire,

- Les problématiques liées à  l'eau sont indissociables du système économique et financier mondial, de nos modes de production et de consommation. Le pendant de la production d'énergie : c'est la surconsommation. 

- Le changement ne se fera pas par ceux qui défendent des intérêts privés (multinationales, banques et bien souvent états), mais par la société civile et les organisations engagées pour le respect de la vie.

- Les projets réalisés (mines, forages, fracking...) ont beau être légaux, ils sont illégitimes, car réalisés sans l'approbation des populations concernées et au détriment de la vie. Or, les cas sont défendables, dès lors que l'eau et sa pollution ou sa disparition sont un problème existentiel : ce qui manque, ce sont les avocats formés (ex  de la Fondation Rigoberta Menchu au Salvador qui forme des avocats)

- La communication des multinationales est mensongère. Ex : « l'énergie produite par ce barrage profitera aux populations locales » : Faux (exemple du Laos où 95% de l'électricité est vendue à la Thaïlande)

- Nécessaire solidarité avec les pays dont les citoyens sont démunis, manquent d'informations, de libertés, ou de moyens pour se mobiliser (ex de l'Algérie où les problèmes sociaux sont trop importants) : « Ni ici, ni ailleurs » . La lutte pour la qualité de l'eau et l'équité sociale face à l'accès à  l'eau potable sont indissociables.


Actions à tout niveau (international, national et local) : ¨


- Actions en justice et mobilisation citoyenne doivent être menées simultanément 

- Rassemblement d'une variété maximum d'acteurs : citoyens, avocats, scientifiques, organisations associatives, politiques, syndicales, enseignants, agriculteurs, religieux, artistes, journalistes, pêcheurs, chasseurs, offices du tourisme...)

- Proposer des alternatives : transition énergétique, transition du système global : 
- Villes en transition (film « Transition 1.0. », GB)
- Etude et proposition de « Negawatts » pour une transition énergétique incluant la sobriété
- Récupération des biens communs : gestion publique de l'eau 
- Déclaration de Lézan, France
- Communication positive « Non à ..., Oui à ... » Ex : « Farming, not Fracking »

- Réaliser des études scientifiques indépendantes
- Formation des avocats en droit environnemental, mise en réseau des avocats
- Associations de victimes environnementales (à créer ou à contacter)

- Pétitions sur papier ou internet
- Sites web, réseaux sociaux
- Diffusion d'une interview d'un spécialiste sur skype (ex : Irlande : Ingraffea, faculté de Cornell)

- Obtenir l'appui des politiques

- Concernant les conséquences sur le vivant, ne plus parler de « risques » environnementaux car il s'agit de faits révélés. De même, ne plus faire de différence entre exploration et exploitation : si un projet vise l'exploration d'une ressource, il s'agira nécessairement plus tard d'exploitation (ex de la Pennsylvanie, où il a été question « d'exploration » pendant 10 ans du gaz de schiste)

- Voir qui finance les projets et à qui ils vont bénéficier éclaire sur les motivations réelles 
- Parler de souveraineté alimentaire, de santé, de qualité de vie, de paysages, de biodiversité, d'alternatives soutenables


Actions internationales : 


- Renforcer les coordinations continentales et internationales
- Créer un tribunal pénal international de l'environnement
- Mutualiser les jurisprudences dans le monde
- Concernant les gaz et pétroles de schiste, créer un logo commun à tous. Possibilité d'utiliser le logo réalisé par l'Allemagne, la main rouge (www.gegen-gasbohren.de)
- Manifestation internationale pour une eau saine et accessible à tous
- Jumelages de résistances entre villes
- Agenda commun de mobilisations par continent et international (agenda européen en annexe)
- Créer une carte avec tous les permis (de gaz de shiste par exemple) dans le monde 


Actions nationales : 

- Marches simultanées dans différentes villes du pays
- Utiliser la mobilisation des citoyens résidants à l'étranger (ex de la Bulgarie)


Actions locales : 


Politiques
- Discuter avec les maires, les députés, qui sont les plus à l'écoute des citoyens. Proposer de déposer des arrêtés municipaux, des requêtes au niveau du parlement
- Demander l'obligation d'un référendum
- Si l'entreprise ou les autorités locales organisent une audience ou conférence publique pour « vendre » le projet à l'opinion publique (comme c'est le cas chaque semaine en Pologne), ne pas y aller, ou y participer en empêchant les orateurs de professer des mensonges (par omission d'une bonne partie de la réalité)
- Courriers au ministre de l'énergie ou de l'environnement, aux députés, maires...
- Campagne "Fracking free town" avec un panneau à l'entrée de la commune

Citoyens
- Organiser des consultations ou assemblées populaires et transmettre les rapports aux autorités
- Marches pacifiques, sans banderoles de partis politiques 
- Information sur les marchés, les foires, les places publiques...
- Projection du film « gasland » version courte + échange sur la situation locale
- Cercles de silence, montrer nos émotions face aux dégâts 
- Flash mobs devant le siège d'une autorité : traversée massive et légale des passages piétons
- Aux matchs de foot : grande banderole
- Opposer les arguments pour et les arguments contre, ce qui rend l'ineptie de ces projets évidente
- Concerts de soutien, festivals culturels pour un environnement sain
- Liste de diffusion mails
- Après une réunion publique, donner un kit « Que puis-je faire ? » aux participants sensibilisés avec une liste des actions individuelles ou collectives possibles
- Envoyer des flyers d'information par la poste  
- Table-ronde télévisées
- Défilés lors des fêtes nationales
- Label pour les produits agricoles « Guaranteed Fracking Free » (ex : Irlande)
- Alerter les fournisseurs et « producteurs » d'eau et mettre en doute la qualité de l'eau vendue 
- Tee-shirts
- Chansons
- Action symbolique autour de l'eau, port de masques (gaz de schiste)


Annexes 

Agenda commun de mobilisation (Europe) : 

- 8 avril, La Seyne sur Mer (Var, France) : manifestation mer et terre contre les gaz de schiste et l'exploitation d'hydrocarbures en Méditerranée « Trafalgar du Gaz de Schiste »
- 5 et 6 mai, Bruxelles : mobilisation contre les sables bitumineux
- Journée internationale contre les énergies sales
- 9 mai : forum européen à Bruxelles



Constats personnels  et propositions: 

Outre le réel enthousiasme que j'ai eu à participer à ce forum et le sentiment de gratitude que j'ai vis-à-vis des personnes qui l'ont organisé, voici quelques constats, qui je l'espère, nous permettront d'améliorer nos prochains rassemblements.
J'ai eu un sentiment d'étouffement face à  la quantité d'informations reçues et de frustration face aux contributions non exprimées par le public. 
95% du temps de parole a été occupé par les intervenants, 5% par le public. Les résultats du forum auraient été quasiment les mêmes sans nous.
La construction a été faite par compilation des propositions (ce qui est déjà très bien) et non grâce à une réflexion collective rendue possible par des échanges et un débat libres. 

Grâce à Harrisson Owen, il existe depuis 25 ans une alter façon d'organiser des forums, qui permet l'émergence de l'intelligence collective d'une manière efficace et conviviale, c'est le Forum Ouvert, ou Open Space Technology. (En France, vous pouvez participer à l'un des 22 forums ouverts organisés par les Colibris dans le cadre de la campagne « Tous candidats 2012 ».)

Helen (France)
Participante à l'ensemble de la thématique « Eau et extractivisme »