Il pique et contamine : Zika, le prochain danger pour l'humanité ?

publié par wikistrike.com sur 29 Janvier 2016, 11:43am

Catégories : #Santé – psychologie
Il pique et contamine : Zika, le prochain danger pour l’humanité ?

Après le chikungunya, la dengue ou encore le west nile, voici le nouveau virus qui jette la panique sur le monde : Zika. Actuellement en plein boom en Amérique du Sud et dans les Antilles, il menace de microcéphalie les enfants à naître. Le péril est tel qu’après les États-Unis et plusieurs autres pays la France, par la voix de sa ministre de la Santé Marisol Touraine, recommande aux femmes enceintes de métropole de « différer leurs voyages en Martinique, en Guyane et dans les territoires d’outre-mer ». Quant aux futures mères antillaises et guyanaises, tant pis pour elles…

Commentaire : Zika n’est pas un boom, une mode, un trend. C’est un réel danger. Spécialement pour les futures mères antillaises et guyanaises.

Le risque principal encouru est donc une microcéphalie du fœtus, qui correspond à une diminution de la taille de la boîte crânienne. Il y a aussi le déclenchement du syndrome de Guillain-Barré qui est moins évoqué. Cette maladie auto-immune inflammatoire conduit à une paralysie des membres supérieurs et du système respiratoire. Néanmoins si le patient est mis en service de réanimation à temps, il s’en tire sans trop de séquelles. Lors d’une précédente épidémie en Polynésie, la fréquence de cette maladie a été multipliée par vingt.

L’Institut Pasteur collabore avec les chercheurs de Polynésie afin d’étudier le lien entre le virus et l’augmentation de ce syndrome. En effet, l’épidémie a été si soudaine que la preuve biologique de la culpabilité de Zika n’a pas encore été apportée. Cependant, la plupart des spécialistes des maladies émergentes estiment que la concomitance entre la présence du virus et l’explosion de microcéphalies ne peut absolument pas être fortuite.

Les symptômes d’une petite grippe

Lors de ses premières manifestations, le virus n’avait pas été pris au sérieux, car la majorité des personnes infectées ne manifestaient aucun symptôme. Quant aux autres (15 à 30 %), elles se plaignaient de fièvre, de boutons, de courbatures, de fatigue ou encore de conjonctivite, durant seulement quelques jours. L’équivalent d’une petite grippe. Jusqu’à ce que des cas de microcéphalie apparaissent au Brésil l’an dernier.

Dans le pays, qui subit de plein fouet une épidémie de Zika depuis mai 2015, le taux de microcéphalies a été multiplié par 20 : il est passé de 5 pour 100 000 naissances à 1 pour 1 000. Il culmine jusqu’à 1 % dans certaines régions. Dès le 11 novembre 2015, une urgence sanitaire avait été déclenchée dans l’État du Pernambuco en raison de l’augmentation spectaculaire de microcéphalies. Et, au 26 janvier 2016, le ministère de la Santé brésilien recensait 3 893 cas suspects de microcéphalie et 49 décès de nouveau-nés. Cependant, ce chiffre est à prendre avec des pincettes. Les vérifications entreprises par les autorités sanitaires brésiliennes ont écarté nombre de cas.

C’est en 1947 que le virus est détecté pour la première fois chez un singe, à Zika, en Ouganda. Il fait partie d’une grande famille de virus comprenant chikungunya, la dengue et la fièvre jaune, qui sont transmis par les moustiques Aedes, principalement l’aegypti et l’albopictus (moustique-tigre).

Au cours des trois décennies suivantes, Zika se propage chez l’homme dans plusieurs pays d’Afrique, puis d’Asie. Ses symptômes sans gravité lui permettent de passer relativement inaperçu. La première épidémie réelle est déclarée en 2007 sur les îles de Yap, en Micronésie, causant 5 000 infections. En 2013 et en 2014, c’est au tour de la Polynésie française d’être frappée, avec 28 000 cas avérés accompagné d’une multiplication par 40 du taux de microcéphalies. L’épidémie se propage alors d’île en île du Pacifique. En mai 2015, le virus aborde au Brésil, où il s’épanouit, avec plus de 1,3 million de cas suspects déclarés. Il y aurait au moins cinq fois plus de malades, mais n’éprouvant aucun symptôme.

Au cours des neuf derniers mois, Zika s’est propagé dans plusieurs autres pays d’Amérique du Sud et aux Antilles. Le 18 décembre, deux cas sont détectés en Guyane française par l’Institut Pasteur, puis deux autres en Martinique. Au 21 janvier, 45 cas étaient identifiés en Guyane, 102 en Martinique et au moins autant en Guadeloupe. Bref, l’épidémie commence à flamber dans toutes les Antilles.

Le réveil du moustique-tigre en France

La France métropolitaine pourrait-elle être touchée ? Effectivement, Zika a été identifié sur plusieurs personnes en Europe (Espagne, Royaume-Uni, Suisse, Danemark), mais uniquement chez des voyageurs en provenance de zones infectées. Faute de moustiques Aedes albopictusactifs en hiver, la maladie ne peut pas être transmise de ce côté du globe. Mais la question se reposera dès mars, avec le réveil du moustique-tigre. L’an dernier, sa présence a été décelée dans une trentaine de départements français.

À noter que le moustique femelle est l’unique responsable de la propagation du virus, car elle seule a besoin de sang pour prendre des forces durant sa « grossesse ». Le mâle se contente de butiner. Avec le sang, la femelle absorbe quelques virus qui prendront quelques jours pour passer dans la salive avec laquelle ils seront injectés dans une nouvelle victime. « Il est possible qu’en France continentale on assiste à l’émergence de petites chaînes épidémiques en été, comme cela a été le cas pour la dengue et le chikungunya, mais une grande épidémie n’est pas vraiment à craindre », explique Frédéric Jourdain, ingénieur au Centre national d’expertise sur les vecteurs.

Quant à la transmission par transfusion sanguine, toujours possible, elle est improbable en France, où toutes les précautions sont prises. Une transmission sexuelle a été évoquée en 2008, lorsqu’un scientifique américain de retour du Sénégal, où il a été contaminé, l’a refilé à son épouse. En Polynésie, Didier Musso, directeur du pôle de recherche sur les maladies infectieuses émergentes de l’Institut Louis Malardé à Tahiti a également identifié le virus dans le sperme d’un malade, confortant la possibilité d’une transmission sexuelle. “Cependant, celle-ci reste anecdotique à côté de la contamination par les moustiques.” souligne-t-il.

Aucun vaccin ni traitement existant

Pour l’instant, il n’existe aucun vaccin pour prévenir l’infection par le virus Zika, ni médicament spécifique. Avant l’apparition des cas de microcéphalie, les troubles étaient trop légers pour mobiliser les centres de recherche et les firmes pharmaceutiques.

« Ce serait envisageable de fabriquer un vaccin, mais il faudrait bien réfléchir : qui va-t-on vacciner ? Peut-être les femmes en âge de procréer. Mais, avant cela, il faut confirmer définitivement le lien entre Zika et la microcéphalie et avoir une meilleure idée des risques neurologiques chez les enfants de mères infectées. On n’y est pas encore »,

note Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur. En revanche, dès l’apparition des symptômes, il est possible d’établir un diagnostic grâce à une méthode de RT-PCR (Reverse Transcriptase-Polymerase Chain Reaction). L’Institut Pasteur est en train de travailler à un test plus simple pour qu’il soit applicable dans les zones d’épidémie.

En réalité, la seule façon pour les femmes enceintes de se protéger de Zika, c’est d’éviter de se rendre dans les zones infestées par les moustiques Aedes. Du moins au cours des deux ou trois premiers mois de leur grossesse, durant lesquels les risques de malformation fœtale sont les plus importants. À ce sujet, l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur a entrepris une recherche pour estimer la période de grossesse la plus à risque en cas d’infection, ainsi que la probabilité de malformation chez l’enfant dont la mère aurait contracté le virus.

Pour les femmes habitant les Antilles et les zones contaminées, il faut se protéger des piqûres de moustique de jour comme de nuit, car les Aedes ne connaissent aucun repos, contrairement aux moustiques habituels. La seule note positive, selon Frédéric Jourdain, c’est que, « contrairement à la dengue, il n’existe qu’un sérotype de virus Zika. On ne peut donc contracter la maladie qu’une seule fois ». Et Didier Musso de Tahiti de préciser : “En principe, une femme qui a contracté la fièvre Zika dans sa jeunesse n’a plus à craindre pour ses futures grossesses.”

www.wikistrike.com/2016/01/apres-le-chi...