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En 2013, l’équipe d’Alors, on change, une émission belge qui se penche sur ces gens qui changent la société, avait rencontré Julien une première fois en juin 2013 : il venait d’avoir 31 ans, il avait quitté son travail à la fois passionnant et rémunérateur de consultant sportif de haut niveau pour s’exiler en France, dans un chalet perdu dans les Pyrénées. Son objectif à l’époque : être 100% autonome tant au niveau énergétique qu’alimentaire, et avoir un impact environnemental proche de zéro. Presque trois ans plus tard, que reste-t-il de ce projet presqu’utopique ? Rencontre.
Quand il avait 15 ans, Julien rêvait de quitter sa ville natale de Tournai pour des contrées plus sauvages, en Afrique ou en Amazonie, afin de prendre une distance critique bien nécessaire via-à-vis de notre société occidentale. Finalement, cette vie plus proche de la nature, Julien l’a trouvée dans les Pyrénées, bien plus proche de sa terre natale. Il vit aujourd’hui dans un chalet avec son chien Farou et ses poules, en attendant de terminer la rénovation de sa grange. Son autonomie complète, Julien l’a pratiquement décrochée. « Grace à mon précédent emploi, j’avais réussi à mettre suffisamment d’argent de côté pour acheter une grange et les 300m² de terrain qui l’entourent. Dès que j’en suis devenu propriétaire, je suis tout de suite venu vivre ici ! »
Quelle est sa recette pour viser l’autonomie complète ?¶
Tout d’abord, sélectionner un terrain aux ressources naturelles adéquates. Une rivière voisine lui fournit l’eau courante et l’électricité dont il a besoin, via une turbine et des accumulateurs. « Au départ, afin de pouvoir acheter le matériel nécessaire à la rénovation de la grange comme les ardoises et le bois pour la structure, j’ai travaillé l’hiver dans la station de ski d’Ax 3 Domaines. Mais le reste de l’année, je me suis toujours procuré mon énergie à la sueur de mon front ! » Car en à peine 3 ans, les choses ont bien évolué pour le jeune homme. Certes, Julien n’habite pas encore dans sa grange, « parce que la rénovation a pris plus de temps que je ne l’avais imaginé. J’ai d’ailleurs passé un hiver très dur en 2013-2014 car le toit n’était pas totalement achevé, et j’ai donc dû me débrouiller avec des bâches » explique-t-il. Mais l’été suivant, en 2014, Julien avait terminé le toit de son habitation et étendu son potager en plantant du maïs, des pommes de terre, des oignons, des courges et de nombreux autres légumes. Le tout est aujourd’hui agrémenté de ruches qui encouragent le développement de butineuses tout en lui offrant un peu de miel.
« C’est à cette période que j’ai eu l’idée de développer un concept de petit food-truck local. Je me suis dit que les skieurs allaient certainement aimer faire une pause le long des pistes avec des bonnes gaufres chaudes bien de chez nous, et j’ai donc construit un traîneau avec du bois local que j’ai appelé La Belgerie. Le concept a tout de suite plu, mais je dois bien avouer que le premier hiver j’ai eu très froid ! ». Julien a donc profité de l’été 2015 pour offrir à son food-traîneau non seulement un toit, le transformant ainsi en food-roulotte, mais aussi une locomotive un peu particulière et, surtout, 100% naturelle. « Jusque-là, comme on le voit dans le film, j’utilisais un vieux 4×4 pour transporter mon bois et déplacer ma roulotte. Dans un souci de réduire voire annuler ma dépendance au pétrole, j’ai donc décidé d’acheter un cheval. Et c’est super ! ».
Depuis son grand départ, tout roule pour Julien. Et malgré les nombreux obstacles auxquels il a dû faire face ces trois dernières années, il est plus motivé que jamais. « Être dans les difficultés, c’est revigorant. Même quand on est seul face à un problème, dans le froid et la neige ou sous la pluie, on vit des moments de plénitude, on est en connexion avec la nature. Quand je pense que pendant ce temps-là des millions de gens perdent leur vie dans les embouteillages… » Ce qui est sûr, c’est que Julien n’a jamais douté une seule seconde d’avoir fait le bon choix, et qu’il n’en doute toujours pas. « Même d’un point de vue purement financier, c’est la bonne solution. Je gagne quelques milliers d’euros par an en travaillant pendant l’hiver, je réinjecte cet argent dans l’économie locale et je n’ai ni de factures d’électricité, ni d’eau. » Et comment le jeune garçon se voit-il dans 20 ans ? « Toujours ici, dans la nature. J’aimerais juste avoir réussi à convaincre le plus de monde possible que la vie en totale autonomie, c’est possible ! ». Et épanouissant, aurait-on envie d’ajouter…
Découvrez d’autres portraits inspirants d’acteurs de changement réalisés par l’équipe d’Alors, on change, émission produite par 8 télévisions belges francophones, dont la RTBF et 7 télévisions locales, sur leur page Facebook.