La démocratie moderne¶
Nous avons tous une idée de ce qu’est la démocratie : le pouvoir du peuple. En France, le peuple, c’est facile, ce sont les 50 millions de personnes avec des droits civiques. Le pouvoir c’est plus délicat, on connaît “les” pouvoirs qu’il faut séparer, mais en politique “le” pouvoir – cratos – c’est la souveraineté, c’est à dire la capacité de fixer les règles1. En France le peuple exerce ce pouvoir via des représentants élus.
De nombreux défauts
La démocratie est certainement le pire régime à l’exception de tous les autres. Et c’est vrai qu’il ne manque pas de défauts, en voici quelques uns :
• Le clivage droite / gauche : Pour ceux qui peuvent se reconnaître dans l’un de ces camps, c’est la division, la guerre contre l’autre partie de la population. Et pour les autres ?
• Les programmes électoraux qui proposent un paquet d’idées à prendre ou à laisser, impossible d’y faire le tri nous ne choisissons que la personne qui les portera.
• Le pouvoir de décision de l’élu qui peut décider des règles sans le consentement des électeurs. Que le sujet ait été abordé pendant la campagne ou non.
• La compétition électorale qui pousse immanquablement à faire des promesses démagogiques2.
• L’immunité juridique d’une promesse électorale3. Heureusement que l’on peut encore en rire4.
• L’offre politique exclusivement issue des partis dont les adhérents ne représentent que 2% du corps électoral.
• Les qualités utiles à la victoire électorale (charisme, com, ruse, démagogie…) bien éloignées des qualités pour prendre des décisions sur le bien commun (morale, convictions, honnêteté…).
• Un système verrouillé par le principe partisan et l’argent. Si un individu, armé de ses seules convictions peut devenir maire d’une petite ville, il n’en est rien pour les grandes villes et encore moins pour les régions, un état ou une confédération comme les États-Unis. Il faut une carrière dans un parti politique puissant et de l’argent, beaucoup d’argent.
• La corruption difficile à éviter dans un système opaque qui a besoin de beaucoup d’argent et dont les règles de fonctionnement sont déterminées par ceux-là mêmes qui l’utilisent.
• Le lobbying qui n’est pas une mauvaise chose en soi mais il est caché, nous n’avons aucun moyen d’en mesurer l’impact et ceux qui sont influencés.
• La passivité citoyenne entre deux élections.
• Le résultat d’une élection basé sur les votants ce qui implique que si vous ne votez pas pour un candidat, ou si vous votez blanc, vous votez en fait pour les deux candidats à part égale. Nous n’avons donc aucun moyen de rejeter les deux candidats.
• Le choix du moins pire est exactement ce que représente l’élection aujourd’hui avec deux candidats présélectionnés.
• Tout est fait pour deux grands partis, le principe du “vote utile” en est un bon exemple.
• La seule punition possible à l’encontre d’un élu est de ne pas voter pour lui la prochaine fois. Mouse land ?5
Remise en cause
Ce terme de démocratie est tellement omniprésent, tellement attaché à notre régime qu’on ne se pose plus trop de question à son sujet. On en vient à l’utiliser pour désigner nos sociétés modernes et toutes les valeurs qu’elles défendent comme la liberté, au-delà donc de la notion de souveraineté, par opposition aux méchantes dictatures où les élections n’existent pas. Car oui, une élection libre est le symbole de la démocratie.
Nous en arrivons à chérir notre démocratie par amour de nos valeurs de liberté et par rejet de la dictature, tout en dénigrant son organisation et la classe politique qui nous dirige.
Alors allons-y, reprenons tout : qu’est-ce qu’une démocratie ?