Assemblée populaire et démocratie directe¶
Il m’a semblé utile de regrouper dans ce document quelques références concernant le fonctionnement d’une assemblée, ainsi que celui de la démocratie directe, afin que tout le monde puisse être au fait des possibilités offertes par l’utilisation d’un tel outil politique, à petite comme à grande échelle. En soulignant, sans concession, l’importance des aspects horizontaux de la prise de décision, la liberté d’expression pour chacun-e, le respect mutuel de nos divergences, la force collective du consensus… Cette liste n’est pas exhaustive.
Ce document est une page de travail collective. Ne pas hésiter à y ajouter toute documentation intéressante à ce sujet.
I. Fonctionnement de l’assemblée d’Annonay¶
Ceci est une ébauche, à la fois état des lieux et propositions. À améliorer, donc.
Principes généraux
- L’assemblée est seule souveraine, en ce qui la concerne, ou ce qui concerne ses relations avec le reste du monde.
- Toute décision adoptée par l’assemblée peut être révoquée par cette même assemblée.
- Toute décision de l’assemblée est validée par consensus.
- Le consensus est validé lorsqu’une proposition ne connait aucune opposition au sein de l’assemblée.
- Une proposition peut être soumise à l’assemblée par tout-e individu-e participant à cette assemblée.
- L’individu-e est libre de ses actes et de ses paroles, au sein ou en dehors de l’assemblée.
Déroulement de l’assemblée
- Partage de la soupe populaire, de livres, de paroles…
- Rappel du fonctionnement de l’assemblée, des signes utilisés, et du rôle des modérateurs-trices.
- Tour de parole libre (présentation, nouvelles d’ici ou d’ailleurs)
- Comptes-rendus des groupes de travail + débats.
- Débats sur certains sujets spécifiques ou proposés durant l’assemblée.
Signes utilisés
Pour fluidifier les discussions et les prises de paroles, et ne pas léser ceux-celles ayant des difficultés à utiliser cette opportunité de libre expression, il s’agit donc de respecter chacun et chacune, en écoutant attentivement ce qui est dit, et en ne coupant la parole de manière sonore sous aucun prétexte. Il a donc été institué certains signes gestuels, qui permettent à tout le monde de s’exprimer silencieusement vis-à-vis des personnes présentes à l’assemblée, et vis-à-vis des modérateurs-rices et/ou orateur-trice qui auraient besoin de retours des personnes présentes. De plus, ces gestes participent du processus de prise de parole, expliqué plus bas
Ces signes sont très rudimentaires, et d’autres peuvent s’y rajouter.
- Je veux prendre la parole : [ I ] (un bras tendu vers le haut)
- Je veux répondre directement (maximum 1 ou 2 phrases) : [ II ] (deux bras tendus vers le haut)
- Je suis d’accord : [ ÎÎ ] (les mains en l’air doigts écartés en faisant les marionnettes)
- Je ne suis pas d’accord : [ X ] (les avant-bras croisés devant le visage)
- Je n’entends rien, je demande le silence : [ ^ ] (chapeau pointu sur la tête)
Principe de la modération
II. Fonctionnement d’une assemblée populaire¶
Différents textes issus du groupe FB Plateforme de Coordination DRY - France, dont des documents de Conseils pour assemblées populaires.
- Technique d’assemblées populaires avec trois initiateurs
Le but de ce document est de pouvoir provoquer une assemblée populaire sur un trottoir, dans un quartier, ou même de faire une action de quadrillage d’une ville pour étendre et multiplier les assemblées. Il est donc possible d’avoir un groupe de trente personnes qui se répartissent en dix groupes de trois et qui vont faire des assemblées en opération coup de main.
Il faut donc trois personnes, qui tiennent les rôles de facilitateur, script et présentateur.
Les trois arrivent sur une place, ils distribuent des tracts, collent des affiches, mettent des écriteaux, se rapproprient le lieu. Ils expliquent aux passants qu’une assemblée populaire va avoir lieu.
Quand quelques personnes sont en attente, on forme un cercle assis ou debout ça dépend du temps et des gens. Le facilitateur explique les règles de l’assemblée.
EX. Afin de faire ce débat de la manière la plus efficace possible, on choisi parmi les volontaires chaque début de séance, pour éviter que certains commencent vouloir prendre le pouvoir, trois personnes pour gérer la tenue du respect de chacun dans l’assemblée.
Donc un volontaire pour être facilitateur qui calme les débats si besoin, et propose des décisions qui se dégages des discussions.
Un volontaire pour être distributeur de parole, et donner la parole en respectant les tours, et il est important de respecter le tour de chacun, et de ne pas interrompre les autres. Pour demander la parole, on lève la main, le distributeur donne la parole dans l’ordre de chacun, si on veut intervenir sur les paroles de celui qui parle, on demande une réponse directe, on attend que celui qui parle ait fini, puis le distributeur donne la parole, afin de clore la discussion engagée puis, on passe au suivant de la liste des tours de paroles.
Un volontaire pour être script, prendre les notes de ce qui est dit de chacun, et proposer un compte rendu.
Ou EX texte de présentation des règles assembléères
Et après la présentation. Voila donc les règles de l’assemblée. Dans les conditions dans lesquelles nous sommes, afin de faciliter le déroulement, le travail de script sera assuré par notre script, et les volontaires, si il y en avait . Et le rôle de facilitateur sera assuré par notre facilitateur, et les volontaires si il y en avait. Nous allons choisir un distributeur de parole parmi vous, qui pourra être remplacé par un autre si il veux partir. Si personne ne veux aider le facilitateur fait distributeur de parole.
Nous ne prendrons pas forcement de décisions, nous pouvons juste débattre.
Celui qui est présentateur, tourne autour de l’assemblée, et interpelle les curieux il explique ce qui se passe distribue des tracts, incite les gens pour rentrer dans l’assemblée présente, c’est l’accueil tournant.
Après l’assemblée, le script se doit de mettre son écrit sur internet, afin de donner toute son importance aux assemblée populaires quelles qu’elles soient, normal.
- Texte de présentation des règles assembléères
Avant chaque assemblée si c’est la première, ou si des nouveaux ou des inconnus sont présents, il est de bon ton de lire avant le début ou relire si l’assemblée grandie, un texte qui résume les règles employées dans l’assemblée.
Je vais lire un texte qui explique une méthode pour faciliter l’échange de parole entre nous. C’est une méthode couramment utilisée dans les assemblées populaires, et comme chaque assemblée est indépendante, nous voterons au consensus après la lecture de ce texte pour adopter ou refuser ou modifier la méthode. Il va de soi que si pour une raison ou une autre l’assemblée se disloque suite aux règles de la méthode, il faudra faire preuve de souplesse, et remettre en question les méthodes, tout doit être fait pour aider les discussions.
Nous nous réunissons en cercle, comme cela chacun peut voir les autres, au contraire des tribunes où tout le monde regarde la scène. Chacun parle de sa place, les facilitateurs n’ont pas besoin d’être au centre du cercle, il est même d’usage que le centre ne soit pas occupé.
IL EST IMPORTANT DE GARDER L’OBJECTIF SUIVANT
AUCUN CHEF DANS LES ASSEMBLÉES, AUCUNE ASSEMBLÉE CHEF.
Pour avoir une société non pyramidale, que chacun soit au même niveau, que personne n’essaye de dominer ou prendre le pouvoir et qu’il n’y ait aucun leader, nous proposons une méthode. Nous allons choisir un ou des facilitateurs, un ou des scripts et un ou des distributeur de parole. Ces rôles sont donnés aux volontaires dès le début de chaque assemblée et changent pour chaque assemblée afin que les gens ne s’installent pas dans ces fonctions, le but étant que chacun fasse facilitateur et que l’assemblée se facilite d’elle même ensuite, si quelqu’un veut pendant l’assemblée faire facilitateur, il peut rejoindre le ou les facilitateurs. Le rôle du ou de la ou des facilitateurs facilitatrices est de proposer de l’organisation dans l’assemblée, de proposer des votes et d’aider au processus, de résumer les résultats, de proposer la formation d’atelier de travail lorsqu’un débat afférant surgit, il ou elle rappelle les gens pour qu’ils restent dans le sujet, il ou elle fait attention que tout le monde ait la possibilité de parler, il ou elle ne doit pas accaparer la parole. Il ou elle peut juger nécessaire de faire parler une personne avant pour clore un sujet.
Ceux qui veulent parler lèvent la main et le distributeur de parole donne la parole dans l’ordre de ceux qui ont levés la main, comme cela [ ’ ] car on communique par signe pour ce comprendre vite. il est important d’attendre que chacun ait fini de parler, de ne pas couper la parole et de ne parler que quand c’est son tour.
Si quelqu’un parle trop longtemps ou se répète on peut faire ce signe de main [ = ] mais pas interrompre.
Pour se faire comprendre si on veux réagir directement aux parole de celui qui parle, on peut faire le geste de réponse directe [ ’ ’ ] et attendre la fin du discourt que le distributeur nous donne la parole, il est important que les réponses directes ne fassent que deux trois mots pour ne pas perdre le sens du dialogue initial. Puis on reprend l’ordre normal.
Si on veux parler d’une chose urgente n’ayant pas de rapport avec le discourt, on peut faire ce geste de problème technique [ T ] et attendre l’accord du distributeur pour parler.
Les prises de décisions se votent au consensus, si vous êtes d’accord vous faites ce signe [ ii ] et si vous êtes contre vous faites ce signe [ X ] les décisions se prennent quand tout le monde est d’accord.
Si une personne bloque on ne prend pas la décision, elle vient exposer son désaccord et on débat pour trouver un accord qui satisfasse tout le monde, ou du moins qui ne fasse plus de blocages, si on n’est pas d’accord mais on ne veux pas bloquer tout le groupe, on peut faire se signe [ # ] qui exprime le désaccord mais la personne ne bloque pas car elle ne veut pas empêcher le groupe de prendre la décision, comme ça ne l’atteint pas trop.
Le signe [ § ] est une demande de traduction.
Le signe [ ^^ ] veux dire je ne comprend pas.
Le signe [ ~ ] veut dire de parler plus fort.
Le script écrit le déroulement de l’assemblée, les suggestions, les propositions d’ateliers, les décisions, les demandes ou inquiétudes sur un support visible pour tout le monde, ou un cahier faute de mieux. On met sur internet ce travail ensuite, pour pouvoir partager des expériences et pour faire connaître les décisions et propositions entres assemblées.
[ ’ ] bras tendu vers le haut
[ = ] les mains en face l’une de l’autre se rapprochant et s’éloignant genre plus court
[ ‘’ ] l’index tendu vers l’interlocuteur en va et vient vertical vers haut
[ T ] les mains en tranchant, l’une posé perpendiculairement sous l’autre
[ ii ] les mains en l’air doigts écartés en faisant des petits moulinets des poignets
[ X ] les avant bras croisés
[ # ] un bras faisant un large cercle dessus la tête en vas et vient
[ § ] le pouce et l’index forment un rond, les trois autre doigts écartés
[ ^^ ] les bras tendus en l’air toucher le bout des doigts en va et vient
[ ~ ] les paumes vers le haut allant de haut en bas en va et vient
- Guide pour le facilitateur
C’est une série de conseils que le facilitateur prendra pour lui, ou pas, et répétera au groupe ou aux intéressés quand nécessaire, ou pas.
Il n’y a ni chef ni responsable particulier et les participants sont égaux devant la parole. Si une personne a plus d’expérience et est considérée comme l’animatrice du groupe de parole, c’est sans statut particulier que cette personne partage son expérience et ses impressions.
Lors de chaque assemblée, les citoyens déterminent eux-mêmes les sujets qu’ils souhaitent aborder. C’est ainsi que les sujets de discussion sont progressivement évoqués puis approfondis.
Il faut prendre en compte toutes les objections imaginables. Remonter aux besoins de base derrière les décisions permet de réaliser que les points de vue sont bien souvent peu éloignés. Il est fondamental de rester fidèle aux faits, aux termes concrets des problèmes, attaquant les idées et les propositions même très fermement si cela est nécessaire, mais en restant en même temps intérieurement respectueux des personnes, durs avec le problème, souples avec les individus.
L’écoute active est plus qu’attendre jusqu’à ce que l’autre ait fini de parler. Ne pensez pas immédiatement à contredire, demandez à mieux comprendre. Ne parlez pas pour vous faire plaisir, et ne rentrez pas dans les détails de votre argumentation, si ce n’est pas important.
Dans une prise de décision au consensus, il n’est pas question de savoir qui gagne ou qui fait passer ses idées, c’est plus une question de trouver ce que nous avons en commun et coopérer. Évitez la concurrence et laissez les autres inspirer. Là le fait de ne pas s’identifier à ses propres idées aide énormément, en se rappelant que, mes idées, ne sont pas les miennes.
Vous recherchez des solutions avantageuses pour tous. Ici l’imagination, l’intelligence, l’expérience, sont les ressources premières, souvent il s’agit d’inventer littéralement de nouvelles solutions.
Les critères ne doivent pas dépendre de la volonté ou du contrôle de certaines parties en jeu, c’est là qu’en général on exerce plus ou moins consciemment un usage incorrect et manipulateur du pouvoir pour orienter les choix vers des intérêts partiaux.
Une bonne communication est un facteur clé, communiquer c’est gérer la relation et les conflits. Il faut faire preuve de confiance et de patience, parce que dans un climat de rancune, d’accusations réciproques et de peur, le temps et les énergies sont déployés pour détruire et non pour créer.
Mais il faut reconnaître aussi que même avec une utilisation parfaite de la méthode et une excellente communication, des problèmes qui ne sont pas complexes et compliqués peuvent demeurés non résolus sur le moment. Des observations visant à des améliorations peuvent, être faites. Tous les problèmes peuvent se résoudre avec une discussion plus approfondie Il faut donc de l’imagination, de la créativité, de l’intelligence, mais pas seulement, il faut aussi pouvoir assumer l’embarras, la fatigue et la frustration.
J’ai le droit d’être traité avec respect, les autres aussi. J’ai le droit d’avoir et d’exprimer des opinions et des sentiments, les autres aussi. J’ai le droit d’être écouté et pris au sérieux, les autres aussi. J’ai le droit de dire non sans me sentir en faute, les autres aussi. J’ai le droit de demander ce dont j’ai besoin, les autres aussi. J’ai le droit de changer d’opinion, les autres aussi.
Ainsi si, même après une longue discussion, celle-ci tourne en sa défaveur, quelqu’un peut bloquer un groupe important en refusant son accord à la décision. En ayant un regard superficiel, le consensus semble donner un pouvoir excessif au simple individu, ou à la petite minorité par rapport au groupe. Mais ceci n’est rien d’autre que l’exercice du pouvoir de veto. Le consensus donne effectivement un grand pouvoir à l’individu, à chaque individu sans distinction parce qu’il en reconnaît la valeur, la dignité, l’unicité.
Pour que la décision soit prise, il faut que le consensus soit fait, sinon on remet la décision à plus tard. il faut réussir à démontrer la véracité de son idée, c’est à dire que la décision qui va être prise est bénéfique au groupe ou en contradiction avec ses principes. Les propositions doivent être réétudiées jusqu’à ce que tout le monde se sente à l’aise avec elles. Si le groupe reconnaît le bien fondé de l’idée, alors la décision peut être prise.
- L’ordre du jour
Il est préférable de faire un ordre du jour, sinon c’est la pagaille, chacun parle de tout et on ne construit pas grand chose. Une proposition pour choisir l’ordre du jour est que le facilitateur demande que ceux qui veulent parler d’un sujet précis, ou veulent dire une chose ou des choses importantes, lève la main et donne le thème de leur discussion, en deux trois mots. Après avoir fait le tour de ce que chacun veut dire, le facilitateur qui note les différent thèmes fait un ordre des thèmes, en respectant au mieux la priorité d’urgence ou de l’importance des thèmes. Le facilitateur propose l’ordre des thèmes, appelé ordre du jour, et l’assemblée vote au consensus l’ordre du jour, si le consensus n’est pas atteint après explication, le facilitateur propose un nouvel ordre du jour. Cela peut s’avérer ardu au début, mais avec le temps les assemblées deviennent fluides.
Le facilitateur peut demander combien de temps restent les participants dans l’assemblée, pour fixer les priorités de thèmes. Le facilitateur peut fixer une durée de temps pour chaque thème abordé afin de respecter ceux qui ne peuvent rester.
C’est important que l’ordre du jour soit affiché dans un endroit visible de tout le monde, comme cela chacun peut savoir où on en est de l’assemblée, et les nouveaux arrivant peuvent comprendre quand ils pourront intervenir.
Il ne faut pas non plus être trop rigide avec l’ordre du jour, et si certains expriment une envie urgente d’ouvrir un sujet, des fois il est préférable de laisser courir le sujet pour revenir dans l’ordre après.
III. De la démocratie directe¶
Synthèse de travail de l’assemblée de la Place Syntagma (Athènes) concernant la démocratie directe. Je ne sais pas, à ce jour, si ce texte a été validé.
Un extrait important, concernant les propositions applicable directement :
- Les lieux publics sont ouverts à la participation de tous et ils appartiennent à tous.
- La participation égale de tous à l’élaboration, la prise et l’application des décisions ainsi que le contrôle de leur application, tant sur le plan politique qu’économique, est une condition fondamentale. Tous exercent le contrôle et sont contrôlés dans le but de s’auto-améliorer et d’améliorer les fonctions de la société.
- Les représentations nécessaires ont un caractère de coordination ou d’exécution et non pas d’intermédiaire, représentatif ou décisionnel.
- Tous les représentants sont tirés au sort soit par le corps de l’Assemblée Populaire soit sur une liste votée par elle quand il est besoin de connaissances particulières. De toute manière, ils sont immédiatement révocables, rendent des comptes pendant l’exercice de leurs devoirs et ils sont examinés lors de leur compte rendu à la fin de leurs devoirs.
- L’existence de plusieurs assemblées locales (quartiers, mairies, lieux de travail, lieux d’études) qui communiquent entre elles, est la pierre fondamentale de la démocratie directe. La participation à celles-ci n’est pas occasionnelle mais responsable et régulière autant que possible. La communication entre les assemblées locales crée un réseau horizontal (sans hiérarchie), qui a comme but la coordination des positions et des actes qui sont nécessaires.