Lettre ouverte



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Socios, nous quittons Le Media
Retour d’expériences sur la crise de trop

Décembre 2020
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Socios du Media, attachés à l’idée d’un média citoyen, nous nous sommes
particulièrement impliqués lors de la dernière crise de septembre. Cela nous a conduits à
identifier de graves dysfonctionnements que nous ne soupçonnions pas et qui intéresseront
toute personne ayant un attachement à ce projet. En conséquence, et alors que la direction
maintient une opacité sur de nombreuses informations, nous avons décidé de communiquer
notre analyse de ces évènements ainsi que les nombreuses questions qu’elle amène et qui
restent sans réponse à ce jour.

En septembre dernier, nous découvrions par voie de presse, avec stupeur, que Le Media
traversait une nouvelle crise interne. La troisième depuis son lancement il y a 3 ans. En
réponse, de nombreux socios se sont mobilisés pour apporter leur concours à la recherche
d’une solution pacifiée. Cela a été l’occasion de découvrir de graves dysfonctionnements
explicatifs de la répétition des crises, bloquant la construction d’alternatives et contraires
aux valeurs ayant présidé à la fondation du Media. Le Media se présentant comme un
média citoyen donnant une place particulière aux socios, nous avons considéré qu’il était
important de communiquer sur les raisons qui aujourd’hui nous conduisent à le quitter.

Notre analyse se fonde sur les nombreuses informations auxquelles nous avons eu accès
durant cette crise, au travers d’échanges directs ou d’analyses produites avec et par
l’ensemble des acteurs impliqués.




Une crise grave qui compromet le projet du Media

Le licenciement du dernier directeur de la rédaction, comme ses conditions, constituent une
énième crise grave pour Le Media et altèrent fortement la dynamique qui était à l’œuvre.

Cette situation porte atteinte à l’image et aux finances du Media : de nombreux socios partent ou
réduisent le montant de leurs abonnements, les dons reculent, les audiences
baissent, des intervenants se décommandent, les risques de contentieux
s’accumulent, etc. En l’absence d’informations sur la situation économique, il est
impossible de connaître la situation exacte du Media. Mais, de sources internes,
elle n’est pas bonne et l’information n’est pas donnée.

D’autre part cette situation divise une équipe qui était en train de construire un équilibre éditorial en
cohérence avec son texte fondateur : d’autres départs sont à prévoir.

Des socios pris à partie et placés dans l’incapacité de contribuer à la sortie de crise

Comme lors des précédentes crises, les socios n’ont pas été informés des tensions qui
traversaient les équipes. Une fois le conflit ouvert, les socios ont été pris à partie pour
trancher dans ce conflit avec pour seule alternative de devoir choisir un camp, abreuvés
qu’ils sont d’informations parcellaires via la presse, les réseaux sociaux et le forum du
Media.

Cette logique de camp, nous nous y sommes refusés. De nombreuses propositions ont été
faites pour sortir de cette crise par le haut : une proposition de médiation par des socios
historiques, une proposition de concertation préalable à un travail de prévention par des
socios professionnels de la souffrance au travail, un appel à retravailler le projet et
l’organisation par les socios membres de l’AG, une demande de tenir une AG
extraordinaire préalablement à toute décision. En vain : toutes les propositions ont été
refusées ou ont été mises en échec par la direction en place.




Des situations qui révèlent une série de manquements de l’employeur à ses obligations

Nous avons fait le constat de graves dysfonctionnements à l’origine de cette crise et
bloquant la recherche d’issues alternatives. Les décisions prises ne nous ont jamais paru
l’avoir été dans l’intérêt social du Media ni dans le respect du droit. Ainsi :

  • Pourquoi la direction du Media a-t-elle toujours posé des conditions préalables
    rendant impossibles toutes les tentatives de médiation qui ont été initiées en interne
    ? Pourquoi a-t-elle toujours rejeté l’idée de l’intervention d’un tiers professionnel des
    situations de crise ?
  • Pourquoi la direction du Media a-t-elle refusé la tenue d’une AG extraordinaire pour
    exposer les termes de la crise et discuter des mesures à prendre pour en sortir ?
  • Pourquoi la direction du Media a-t-elle refusé d’intégrer les socios dans la
    composition de l’AG afin de les associer à la résolution du conflit, et aussi pour
    qu’elle soit d’ores et déjà représentative des futurs équilibres de la SCIC ?
  • Pourquoi la direction n’a-t-elle pas su mettre un terme à la relation de travail avec
    Denis Robert de manière pacifiée ?
  • La direction a-t-elle respecté ses obligations administratives dans le licenciement de
    Denis Robert, et sinon pourquoi, avec quelles conséquences pour le Media ? Qu’en
    est-il des autres procédures prud’homales en cours issues des précédentes crises ?
  • Pourquoi la direction a-t-elle laissé des salariés et certains de ses membres tenir des
    propos portant atteinte à la dignité des personnes sur les réseaux sociaux et sur le
    forum ? Et pourquoi n’a-t-elle pas pris de mesures pour faire cesser de tels
    agissements ?
  • Pourquoi n’y a-t-il pas de comité social et économique (CSE) au sein du Media ?
  • Pourquoi, alors que le fonctionnement se veut horizontal, la direction n’a-t-elle pas
    associé l’ensemble des salariés, ou à défaut leurs organisations syndicales (OS), à
    la réflexion sur la stratégie de développement RH et ses conséquences ? Pourquoi,
    au lieu de cela, a-t-elle organisé un pseudo référendum sans accord sur son cadre
    (qui y participe, règles de vote), sans débats préalables, sur des sujets pourtant
    hautement conflictuels (évolution de la grille salariale et stratégies de recrutement et
    de développement) ?
  • Quel est le modèle économique du Media, quel est son projet éditorial ? Quelles
    sont leurs évolutions après le départ de Denis Robert et la suppression de la fonction
    de directeur de la rédaction ?
  • En l’absence de directeur de la rédaction, qui conçoit et pilote le projet du Media
    et ses orientations stratégiques ?
  • Quelles sont les règles d’affectation des enveloppes de piges ? Qui décide, sur
    quels critères ? Comment sont encadrés et accompagnés les jeunes journalistes
    dans l’apprentissage de leur métier ? Dans le respect de quels principes ? Quels
    sont les objectifs assignés à chacun ?
  • Pourquoi, alors que les problèmes de souffrance au travail évoqués comme étant à
    l’origine du licenciement de Denis Robert seraient anciens, la direction ne les a- t-
    elle pas traités plus tôt alors qu’elle en aurait été alertée préalablement ?
  • Quelle est la situation économique du Media suite à cette crise ? Combien de
    socios ont quitté le Media depuis ? Où en est le niveau des dons ?
  • Quel usage est-il fait des dons qui ont été versés pour des buts spécifiques (financer
    des enquêtes par exemple) ?


Derrière les accusations, des problèmes de fond non traités

Denis Robert est embauché suite au départ d’Aude Lancelin pour superviser la
politique éditoriale et assurer le développement du Media. À son arrivée, le Media
est décrit comme proche du dépôt de bilan, les conditions de travail mauvaises, les
conditions d’emplois insatisfaisantes et les équipes livrées à elles-mêmes. Dans le
cadre de ses missions comme directeur de rédaction du Media, Denis Robert a
développé de nouveaux contenus éditoriaux, recruté une responsable administrative
expérimentée, une personne chargée des relations avec les donateurs et socios,
une équipe de pigistes réguliers essentiellement chargés des enquêtes. Cela s’est
traduit par une augmentation importante des audiences et des revenus : autant
d’apports qui ont été salués. Par contre, ses projets de réorganisation et de
recrutements pour la rédaction ont généré des oppositions.

Le conflit avec Denis Robert est essentiellement un conflit qui porte sur la fonction de
directeur des rédactions. Il révèle des tensions autour du projet et de sa déclinaison
en une organisation du travail et un modèle économique concrets. Parmi les
éléments déclencheurs : la politique de gestion des ressources humaines (quelle
évolution de la politique salariale pour quelle politique de développement et de
recrutement ?) et l’évolution de l’organisation et du fonctionnement de la rédaction
(quelle validation des contenus et quel encadrement des équipes ?).

Le conflit révèle également que le processus de structuration du Media impulsé par
Denis Robert, pour nécessaire qu’il était, a généré des inquiétudes pour certains des
acteurs en place craignant une perte de leurs prérogatives, voire de leur emploi.
Faute d’être régulées collectivement, elles ont favorisé le déploiement de
fonctionnements stratégiques visant à progressivement ostraciser puis évincer Denis
Robert de son poste de directeur de la rédaction. Le courrier du 11 septembre
2020 envoyé par Julien Théry à Denis Robert a marqué un virage dans un conflit
jusque-là sous-jacent, qui a pris ensuite une tournure médiatique et personnalisée.

Les éléments recueillis montrent qu’il y a de la souffrance dans cette équipe, comme
en témoigne la répétition des crises. Selon nous, leurs racines sont à chercher dans
l’incapacité répétée à construire un modèle viable économiquement et une
organisation soutenable sans conflits ni luttes de pouvoir. Ainsi, nous relevons que
les ressorts de cette crise ont été initiés une fois la situation économique du Media
redressée. La résolution ou la répétition des crises depuis 3 ans révèlent donc un
impensé sur ces questions qui relèvent pourtant de la responsabilité légale et
fonctionnelle de l’employeur.

La place des socios au Media : une promesse initiale non tenue

Il a fallu nous rendre à l’évidence : trois ans après son lancement, le Media ne prend
toujours pas le chemin de la coopérative promise à l’origine. La réalité juridique actuelle
est que nous sommes les adhérents d’une association nommée “Le Media”. Nous ne
possédons aucune part sociale. Les socios ne sont ni sociétaires ni propriétaires de quoi
que ce soit. Les versements que nous faisons au Media ne sont que des adhésions ou des
dons versés à une association qui finance une activité éditoriale.

Ainsi, les socios sont très peu informés et presque jamais consultés sur la gestion et la vie
du Media. Du fait des crises passées, l’Assemblée Générale est réduite à sa plus simple
expression : l’élection du bureau. Aucun bilan (financier, social) n’y est présenté en fin
d’année, pas plus que le projet de l’association (l’évolution de ses objectifs, de sa
stratégie, de ses moyens). Elle n’est pas non plus sollicitée pour trancher les questions
portant sur les choix stratégiques présidant à l’avenir du Media.

Cet état de fait génère autour de la participation des socios au projet du Media de
nombreux malentendus, tant avec les salariés qu’avec la direction, mais également des
tensions, des désillusions et en définitive de la défiance.




Aux racines de la crise : un fonctionnement opaque et sans contre-pouvoirs

Cette crise nous a permis de mieux comprendre la structure juridique et organisationnelle
du Media, et à travers elle, où et comment se prennent les décisions. Ces informations
étaient jusqu’à présent pour tous opaques. En l’état de nos connaissances, voilà ce que
nous savons :

  • En ce qui concerne l’AG : elle serait constituée pour l’essentiel des fondateurs du
    Media et de salariés, dont un certain nombre est parti lors des conflits précédents
    (dont Mme Chikirou et Mme Lancelin). Quelques socios ont été cooptés lors du
    départ de Mme Lancelin, dont certains sont depuis devenus prestataires du Media,
    ou bien s’en sont désintéressés. L’association n’a pas de conseil d’administration à
    notre connaissance. Le président, Bertrand Bernier, a été désigné par défaut lors de
    la précédente crise. Le bureau ne comprend qu’un seul journaliste, les autres
    membres étant des salariés recrutés par M. Bernier et placés sous sa subordination.
    Le président de l’association désigne les présidents des sociétés du Media ;
  • La Société de Production Le Media, dont Lucas Gautheron était le président
    (remplacé depuis peu par Romain Moriconi) et dont Bertrand Bernier est le directeur
    de Production, comprend 11 salariés en CDI, 1 salarié en CDD apprentissage et
    des intermittents ;
  • L’Entreprise de Presse Le Media, dont le président est Julien Théry, comprenait 7
    journalistes en CDI, dont 1 rédacteur en chef adjoint, 1 journaliste en CDD contrat
    apprentissage et des journalistes pigistes ;
  • Un comité de direction était constitué des présidents et des directeurs des 2
    sociétés, du président de l’association et d’une directrice administrative rattachée
    juridiquement à la société de Production ;
  • Il n’y avait pas de CSE, même s’il était en projet en octobre 2020. Un des
    syndicats a pris position aux côtés de l’employeur contre Denis Robert durant ce
    conflit. Ce syndicat se présentant comme majoritaire, soutenait les transformations
    de la grille salariale et de l’organisation de la rédaction portées par les présidents
    contre le directeur de la rédaction et une partie de l’équipe.

Dans les faits, Bertrand Bernier, arrivé en cours de route dans le projet – sans légitimité
particulière et ayant acquis ses fonctions par défaut – est décrit comme ayant les pleins
pouvoirs : dirigeant sans projet adossé à un modèle économique, sans CA ni AG qui
orienteraient et contrôleraient son travail, avec un bureau composé à sa main, des
présidents de sociétés désignés par lui, une absence de CSE et faisant cause commune
dans ce conflit avec un des syndicats de salariés.

Une direction dans la toute puissance

Messieurs Bernier, Thery et Gautheron ont été à l’origine des décisions qui ont conduit à la
crise ainsi que de celles prises pendant celle-ci ; et ceci sans qu’aucun contrôle de
l’exercice de leur mandat ne puisse être exercé par d’autres qu’eux-mêmes (par le contrôle
d’une AG fonctionnant et/ou par un CSE). Pendant la crise, ils ont récusé toute introduction
d’un tiers favorisant la prise en compte des différents points de vue et le respect du droit du
travail. Pour nous, ils portent donc une lourde responsabilité dans la situation.

Fait aggravant, il s’avère que M. Gautheron a quitté depuis sa fonction de présidence,
tandis que M. Théry chercherait actuellement à le faire. Comment ces personnes ont-elles
pu prendre des décisions si lourdes pour l’avenir du Media, sans en référer à l’AG, alors
qu’elles n’en assumeront pas les conséquences ?


Des socios muselés et discrédités

Dans ce contexte, de notre place de socios, nous avons tenté d’introduire un peu de raison
et de tiers au sein du Media en nous servant des quelques outils à notre disposition : le
forum et la newsletter. Pour chacun de ces outils, nous avons également fait le constat de
graves dysfonctionnements.

Le forum sert aux socios à échanger sur la vie et le fonctionnement du Media et à
communiquer avec la direction et l’équipe de rédaction. Avant la crise, le forum était peu
fréquenté des socios. Entre mi-septembre et fin novembre, le forum a été en ébullition quasi
quotidienne. Nous avons été des centaines de socios à nous y connecter chaque jour.
Nous avons été nombreux à y exprimer notre stupéfaction, à demander des réponses, à
proposer des actions alternatives, à constater les incohérences et les refus de répondre, et
à exprimer notre mécontentement voire notre colère. De nombreux socios sont venus pour
dire qu’ils partaient, et exposer les motifs de leur désaffection.

Globalement, ce forum n’est pas exploité comme un outil au service de l’implication des
socios dans le fonctionnement du Media. Il sert de zone tampon pour organiser une
participation sans capacité de peser sur la gestion. Une petite dizaine de membres, dont
des salariés, y œuvrent pour imposer la position de la direction. Les règles de
fonctionnement restent floues, la modération obscure et autoritaire, les bannissements
expéditifs, les décisions arbitraires. A l’occasion de la crise, le forum a été lui aussi pris
dans la logique de conflit qui traversait l’équipe du Media, et nous y avons été soumis aux
mêmes pratiques et décisions arbitraires que celles décrites par Denis Robert. Ainsi
plusieurs d’entre nous ont été bannis du forum pour avoir critiqué les décisions de la
direction du Media.

La rédaction de la newsletter, qui doit rapporter les échanges et la vie du forum auprès de
l’ensemble des socios, pose également problème. Chaque sujet proposé par les socios est
soumis à un droit de véto de la direction du Media. Ses décisions ne sont jamais motivées.
Elles sont toujours irrévocables. Rien dans la newsletter n’appartient donc vraiment aux
socios. Nous n’avons pas pu nous en servir pour informer l’ensemble des socios de nos
analyses et de nos initiatives, ni pour faire état de la stupéfaction et du mécontentement
pourtant largement majoritaires sur le forum.

Le passage en SCIC, une probable illusion de changement dans l’équilibre des pouvoirs

Le projet de passage en SCIC, aux contours déjà bien délimités, prévoit de donner 40%
des sièges du conseil de surveillance aux socios. Les socios sont absents de la seconde
instance de la SCIC : le directoire. Pendant la crise, les dirigeants du Media ont refusé
l’évolution de l’AG actuelle afin que les socios atteignent une représentation à hauteur de
40%. La SCIC n’aura pas d’incidence directe sur le fonctionnement du forum, qui est le lieu
de candidature des socios à l’AG. Ainsi, tout semble organisé pour verrouiller le
fonctionnement de la SCIC, comme l’est aujourd’hui celui de l’AG.




Des décisions dans cette crise qui ne paraissent pas prises dans l’intérêt social du Media

Nous pensons que le licenciement soudain du directeur de la rédaction pour faute grave,
avec mise à pied conservatoire et sans indemnités est une décision exceptionnelle qui
aurait dû être prise en assemblée générale extraordinaire du fait des conséquences qu’elle
aura sur l’avenir du Media : la discussion aurait dû porter sur les mesures à prendre pour
préserver la santé des salariés et garantir la viabilité du Media et de son projet. De même,
si c’est avéré, nous pensons que l’absence de transmission des documents administratifs à
Denis Robert à la suite de son licenciement constitue une faute en droit, mais également au
regard des valeurs affichées par le Media. Même constat si, comme certaines déclarations
de la direction le laissent penser, l’employeur a été témoin ou a eu connaissance
d’agissements problématiques ou répréhensibles sans y apporter de réponses appropriées.

Ces éléments nous conduisent à rappeler que tout dirigeant est tenu d’agir dans l’intérêt
social de l’entreprise qu’il dirige. A défaut de décisions opportunes, utiles ou profitables
pour la société, il doit en rendre compte devant un tribunal.

Dans cette crise, nous considérons ainsi que les présidents des sociétés et de l’association
Le Media ont été mus par la volonté d’évincer Denis Robert de sa fonction de directeur de
la rédaction, quitte à évincer sa personne, davantage que par le souci de gérer la
situation dans l’intérêt social des entreprises dont la gestion leur était confiée.


Voilà où en est le Media

Le Media aujourd’hui n’incarne pas les valeurs affichées dans son manifeste. C’est pourtant
sur le fondement de ces principes et de ces valeurs que nous avons souhaité le financer.
C’est également sur leur base que le Media obtient l’adhésion de nouveaux socios.

Nous constatons que chaque année le Media est secoué par une crise violente, que ses
moyens se délitent et que nos contributions sont accaparées par des conflits qui entravent
le développement du Media dans sa capacité à réaliser les promesses formulées lors de sa
création.

Ainsi, la résolution de cette crise s’apparente pour nous à la confiscation du Media par un
petit groupe (dont fait partie la direction) qui s’est accaparé tous les pouvoirs et qui
s’octroie les moyens que nous lui donnons pour des finalités que nous ne partageons pas,
en n’hésitant pas à discréditer et à exclure tous ceux pouvant s’opposer à lui.

Il ne suffit pas de se prévaloir de valeurs de gauche pour les réaliser. Un projet comme
celui du Media demande une vigilance éthique constante pour traduire en acte les valeurs
affichées. Ainsi, pour qu’un projet collectif marche, il ne suffit pas de revendiquer un
fonctionnement horizontal ou une structure juridique de type coopérative (SCIC). Cela
nécessite un minimum de réflexion sur les rapports de pouvoir comme sur la répartition des
tâches qu’assume normalement une direction. Autant d’ingrédients qui font ici défauts.

Nous exprimons donc par cette lettre notre désaccord avec l’ensemble des orientations et
des fonctionnements impulsés par la direction actuelle du Media et ceux qui la soutiennent.
À défaut d’avoir obtenu un fonctionnement normalisé malgré toutes nos tentatives, nous
quittons le Media.


Le fait de quitter le Media n’altère en rien notre désir clair et ardent de soutenir et de nous
inscrire dans des projets de médias citoyens indépendants
, cohérents entre leurs valeurs et
leur organisation, respectueux des personnes et du droit, et de taille à porter la
contradiction dans le paysage médiatique et politique actuel, face aux médias dominants
et à la pensée unique.

Ce désir, fort de notre expérience au Media, nous le tiendrons ailleurs avec vigueur et
enthousiasme.

Si, comme nous, ce désir continue de vous animer ou si vous souhaitez en apprendre
davantage ou nous rejoindre dans nos projets, vous pouvez nous écrire à socioscanal@riseup.net.


Signataires

Lionel Alberti, socio-fondateur
Emmanuel Arras, socio
Christine Allanic, socio-fondatrice
Émilie Bahuaud, socio
Emmanuelle Bleuzé, socio-fondatrice
Stéphane Bouvier, socio
Thierry Chantrel, socio-fondateur
Christophe Chaudier, socio-fondateur
Cédric Couissin, socio
Pascale Compte, socio
Alexandre Ferran, socio
Patrick Gallardo, socio-fondateur, correspondant citoyen
Michèle Gehin, socio
Jean Greffioz, socio
Patricia Grégoire, socio
Claire Hofer, socio-fondatrice
Laure Jabrane, socio-fondatrice
Esther Joly, socio
Yann Lallemant, socio
Laurent Lavallée, socio
Julie Le Borgne, socio
Eric Le Cardinal, socio
Claire Livec, socio
Serge Navarro, socio
Daniel Obrecht, socio
Philippe Pelletier, socio-fondateur, correspondant citoyen
Marisa Rocchi, socio-fondatrice
Antoine Roullin, socio-fondateur
Patrick Sanchez, socio-fondateur
Delphine Schmit, socio-fondatrice
Weatherboy, socio
Christine Yahiaoui, socio

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Cette déclaration a été envoyée par mail à M. Bertrand Bernier, président de l’association
Le Media, à M. Julien Théry, président de la société de presse, à M. Romain Moriconi,
président de la société de production du Media, à la section CGT et à la section SNJ du
Media, à Messieurs Gérard Miller et Henri Poulain, fondateurs du Média ainsi qu’aux
socios cooptés à l’assemblée générale.


Faute de moyens pour diffuser cette lettre ouverte auprès des socios pour des raisons
largement explicitées ici et compte tenu des nombreuses prises de positions publiques dans
cette crise, nous autorisons sa diffusion par les canaux que chacun jugera opportun. A ce
titre, nous la remettons également à plusieurs médias qui ont couvert cette crise, dont Le
Monde et Arrêt sur Image.


Vous pouvez également :